Le coloc/nomadisme....une curieuse évolution de l'homo touristicus.





Go see the World...

Etre à la maison partout, ce n'est peut-être pas seulement une publicité efficace pour un réseau efficace...c'est aussi le retour du nomadisme, aidé des technologies nouvelles. J'ai reçu chez moi des Ecossaises qui faisaient le tour du monde depuis leur retraite, en laissant leur maison à des hôtes et en occupant des maisons un peu partout, à raison d'une maison/une année. Un  nomadisme nouveau, qui prend des formes inattendues et dont on n'avait pas idée il y a encore 30 ans. 
 

Le coloc/nomadisme...

La version alpha du colocataire  que l'on pouvait avoir connu dans sa vie d'étudiant(e) s'est muée en version bêta2.0 : je reçois des demandes de colocation dans mes chambres d'hôtes via airbnb de personnes qui ont largement fini leurs études. La proposition consiste donc à s'installer en colocataire pour six mois ou un an, ce qui bouleverse les lois et les habitudes, et créé un nouveau mode de vie. Pour ma part, je n'ai pas un lieu adapté à ce coloc/nomadisme, mais je pense qu'il va se développer à l'échelle mondiale dans la jeune génération. La planète, une immense colocation?

Mais à qui est cette maison?

Voilà qui peut entraîner des changements notables dans la philosophie de la maison : le sédentarisme voyait la maison comme un lieu de racine plus qu'un lieu d'échange. Voilà qu'une maison devient un coeur de réseau, un lieu de passage...une coloc/propriété ! Personnellement, je reste fidèle à la présence permanente d'une " âme de la maison" liée à une occupante, moi en l'occurrence. Mais ce modèle vacille. Bientôt, les murs seront-ils les seuls sédentaires? La décoration, les tableaux, tout sera aussi nomade qu'une antique tente de Bédoin...il y aura peut-être des applications dédiées à la répartition d'une décoration entre divers nomades d'une même bla-bla caravane ! En réalité, les changements qui nous attendent sont du jamais vu, de quoi ne pas s'ennuyer.

Bienvenue chez qui?

Au fond, je reste quand même assez attachée à une forme d'accueil liée non aux murs seuls mais à la personnalité de quelqu'un. Quand je vais dans un hôtel, il n'y a pas ce respect naturel qu'entraîne l'accueil fait chez soi, dans ses murs, avec sa personnalité propre. Quand je vais en chambres d'hôtes, ou bien via AIRBNB ou d'autres plates-formes, je trouve " quelqu'un". Qui apprécie, à l'arrivée de ses hôtes, d'être considéré comme du personnel/impersonnel? Ne préfère-t-on pas un accueil amical, une atmosphère? J'aime me sentir chez moi dans la maison de l'autre...en présence de l'autre. Sa présence peut-être discrète, sa marque dans les lieux me semble le but même de l'échange : découvrir autrui.

Enlevez autrui des murs, il restera une uniformité lassante que l'on commence à voir sur certaines plate-formes : Barcelone, Paris, Pékin, Londres, brassez les photos et essayez de les rendre à une ville, un pays, une personne....tout devient pareil et interchangeable. Autant rester chez soi. Vous l'aurez compris, je milite là pour le maintien de l'originalité, le respect aussi d'autrui. Pourquoi laissons-nous facilement un bazar honteux dans une chambre d'hôtel, et pas dans un appartement AIRBNB? C'est que le respect de l'autre passe par sa présence, son identité personnelle, le lien humain créé. Nomades et sédentaires s'y retrouveront : l'intéressant, c'est l'échange avec quelqu'un qui façonne un lieu...pas avec une standardisation du nomade !

Mutation inverse, la génération nomade dont j'ai aussi fait partie aspire à un chez-soi, un loca/sédentarisme qui n'empêche pas de re-déployer ses ailes de nomade de temps-à-autre...dans ma chambre chinoise, les rouleaux viennent vraiment de Pékin...le porte-bonheur accroché au mur est le cadeau d'une amie de Mongolie intérieure...autant d'horizons du coeur , sur quoi ouvrons-nous les yeux quand nous sortons de notre petite tente intérieure et quels horizons offrons-nous à nos hôtes?


TdM



Rédigé le Vendredi 4 Décembre 2015 à 21:00 | Lu 481 fois |
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